Tuesday, November 8, 2016

En Appréciation de "1+4+7+10=22" (en partie)

Traduction par Alain Bougearel.

Il ya deux parties traduites jusqu'à présent 

1. [Ordre A et séquence 1+4+7+10]

Finalement, est-ce évident que le Type A soit une exception à la division 1+4+7+10 ?

L'ordre A de Bologne possède les “4 Papi”, tous avec un pouvoir identique de remporter le pli; ceci ressemble beaucoup au groupe de 4 d’Alain. Dans leur ordre de succession, les 3 Vertus font, toutes trois, partie du troisième groupe, associé au nombre 7; c’est là le nombre traditionnellement associé aux Vertus, les 4 cardinales et les 3 théologiques. Mais, à positionner les trois, ensemble, avant le Pendu en fait le 13ème [en position ordinale] - le troisième groupe possède alors un trop grand nombre de cartes et le quatrième, trop peu, même si le Fol est inclus. Voilà pourquoi Alain déduit que le schéma “arithmologique” ne correspondrait pas à l'ordre A.

Toutefois, si le Pendu est mis au commencement du quatrième groupe, alors tout devient correct. Est-ce erroné conceptuellement? La thématique de la dernière section est celle de l’ascension au Ciel. Dans les premières cartes de Type A (le “Charles VI”, le Feuillet Rosenwald, le Feuillet Rothschild), l’homme y est représenté agrippant des sacs de monnaie. Ceci suggère Judas et ses “30 pièces d’argent” pour lesquelles il avait trahi Jésus. Perçue de cette façon, cette carte ne constitue pas seulement l’exception aux normes des ordres B et C, mais est impliquée dans l’ascension au Ciel, qui constitue le thème régissant la dernière section. Dans ce cas, la division 1+4+7+10 correspondrait encore pour l’Ordre A.

En fait, l’argument de Dummett pour ses trois groupes ne peut spécifier en soi ni à quel groupe le Pendu appartient, ni celui dont fait partie la Mort. Dummett dit (1980 p.394)
Ignorant les Vertus, nous pouvons dire que la séquence des Atouts restants se divise en trois segments, un initial, l’autre médian et un dernier - toute variation dans la succession ne prenant place seulement au sein de ces différents segments.
Toutefois, là où un groupe se termine et là où le suivant commence ne peut être déterminé par cette méthode -si une carte est invariablement à la même place dans la séquence. Ainsi Dummett positionne la mort dans le dernier groupe dans Game of Tarot, 1980 (p. 399) et dans Il Mondo e L'Angelo, 1993 (p. 174) puis dans l’avant-dernier groupe dans “Tarot Triumphant”, 1986 (p.47). La même chose peut être dite à propos du Pendu, qui précède immédiatement la Mort dans tous les ordres - l'ordre Sicilien excepté. Il est très probable que le Tarot y fut introduit en 1633-4 par un certain Gouverneur du 17è siècle (Dummett 1980, p. 376); il y a là plusieurs innovations qui ne se retrouvent pas dans d’autres jeux de tarots, même si, peut être, reflétant des séries emblématiques du 17è siècle ailleurs en Italie (1980 p. 3,78). Il n'y a aucune manière de savoir pourquoi et quand l‘Hermite fut immédiatement avant la Mort, avec le Pendu, avant l ‘ Hermite (1980, p. 375). On peut donc ignorer ce fait car très probablement non propre aux ordres du Tarot pré-17è siècle. Contrairement à tous les autres Pendus des premiers ordres A, celui-ci, ni ne tient de sacs d’argent ni n’est pendu par les chevilles, la posture caractéristique du traître. L'allégorie avait été perdue.

2. [Jean GOSSELIN: le jeu des chartes pythorique…]

Une analyse explicitement pythagoricienne du jeu de cartes ordInaires fut offerte par Jean Gosselin en 1582, dans un livre dont le titre débute par "La signification de l'ancien jeu des chartes pythagorique..."  (https://play.google.com/books/reader?id=65s9VoMc6Q4C&printsec=frontcover&output=reader&hl=fr&pg=GBS.PT36, pp. 30-31 merci à Alain pour la transcription
http://forum.tarothistory.com/viewtopic.php?f=11&t=1102&start=160#p17344, et à Steve Mangan pour traduire, http://forum.tarothistory.com/viewtopic.php?f=11&t=1102&start=220#p17453).

Après avoir présenté les rudiments de la théorie musicale pythagoricienne, Gosselin commence le chapitre en affirmant:
Après avoir expliqué le plus familièrement qu'il nous a été possible, les proportions des nombres, les consonances et Harmonies qui en proviennent: il convient declarer les secrets qui sont cachés en ce jeu des cartes - lequel a été inventé et mis en usage par quelques hommes savants en Philosophie Pythagorique: Attendu que les Pythagoriques affirmaient qu'il y a de très grands secrets de nature cachés sous les nombres; Et aussi, que la plus grande victoire du jeu des cartes consiste au nombre de trente et un, lequel selon ses parties contient une très excellente Harmonie comme nous le démontrons présentement.....
Ce qui suit est son application du Pythagorisme aux cartes, et en particulier à un jeu nommé le Trente et Un. A ce point, je vais résumer sa présentation en ajoutant, entre parenthèses, quels sont, selon moi, les principes pythagoriciens impliqués.

1. Gosselin observe que chacune des trois figures, dans chaque série des enseignes, a une valeur en points de dix qui est la somme de 1+2+3+4. De plus, les cartes numérales qui sont au nombre de dix dans chacune des quatre séries des Enseignes, avec pas davantage que dix symboles des enseignes peints sur elles, n’excèdent pas dix en points (Cette relation entre 4 et 10 est celle de la Tetractys Pythagoricienne: 1+2+3+4 = 10.)

2. Les quatre enseignes correspondent aux quatre éléments. (Qu’il y ait quatre éléments est un postulat du Pythagorisme et de la plupart des philosophies de l’Antiquité. Mais, en général, les Pythagoriciens étaient à la recherche des rapports et des points communs entre les membres de différents groupes naturels d'un même nombre, corrélés par l'observation. En particulier, ils avaient noté que les ratios du poids des marteaux produisant différentes tonalités avaient les mêmes proportions les uns aux autres que celles de la longueur des cordes produisant des tonalités similaires. Gosselin discute de la longueur des cordes [vibrantes] dans le chapitre précédent; Nicomachus, dans son Manuel d'Harmonique, disait que Pythagoras examina différents marteaux frappant une enclume, une histoire que répète Iamblichus (Life of Pythagoras, trans.Taylor, 1986 reprint, p. 62 in Google Books) et plusieurs autres auteurs - et même figuré sur le Campanile de Florence (image ci-dessous) 1437 (Christina Joost-Gaugier, Pythagoras and Renaissance Europe: Finding Heaven, 2009, p. 147 and p. 292 notes 10 and 11, citant John Pope-Hennessy, Lucca della Robbia, 1980, p. 33). La théorie musicale pythagoricienne avait pour fondement l'identification de ces ratios. D’autres proposèrent ultérieurement des correspondances reliant ensemble des groupes naturels de quatre; e.g., Aristote dans De Caelo analyse les quatre éléments et les quatre saisons en fonction des combinaisons communes des quatre qualités: sec, humide, chaud et froid. Les auteurs chrétiens relièrent les quatre éléments aussi en relation avec les tempéraments en correspondance d’avec les quatre animaux dans Ezekiel et Révélation ainsi qu’aux quatre Évangélistes. Cette façon de penser trouve son origine dans le Pythagorisme.)



3. Entre l'enseigne française des Carreaux (carrelages de sol?) et la Terre existe le point commun de supporter des choses pesantes. Entre les Piques et le Feu existe le point commun du caractère pénétrant et d'être chacun le plus pénétrant de son groupe. Les Coeurs (dans nos corps) sont en relation de dépendance d'avec l'Air. Les Trèfles sont en relation de dépendance d'avec beaucoup d' Eau. (Cette façon de procéder est conforme à la manière pythagoricienne de mettre en évidence des relations. Clairement ce n'est pas la seule façon dont les correspondances pourraient être établies.)

4. En ce qui concerne "la plus excellente harmonie" du jeu, Gosselin observe qu'en musique, les séries de diapasons (que nous appellerions octaves) sont composées de notes en parfaite “consonance” l'une avec l'autre. Il y a diapason quand le rapport existant entre deux cordes vibrantes est de 2.1. D'où, une série de quatre diapasons à partir de l'unité: 1+ 2+4+8+16. (Ceci est une application aux “4” Enseignes de la théorie musicale pythagoricienne - exposée dans le chapitre précédent de son livre.)

5. La somme de 1+2+4+8+16 est de 31, soit le plus grand nombre de points possibles au jeu de Trente et Un. (Cette série en fait fut utilisée par Nicomachus comme partie de la méthode de génération des dits nombres “parfaits”: Introduction to Arithmetic, trans.D'Ooge, pp. 210-211. [Je remercie Steve Mangan and Alain Bougearel sur Tarot History Forum pour ce point et cette référence]. En conséquence, même si le nombre 31 comme somme des quatre premières “consonances” musicales n’appartenait pas à la théorie musicale pythagoricienne présentée par Gosselin dans son chapitre précédent, l’emploi de telles sommes est certainement une technique typiquement pythagoricienne.)

6. Pour toutes ces raisons, selon son point de vue, le jeu est propre à illustrer la philosophie
pythagoricienne.

Ma conclusion est que Gosselin a en fait, mis, dans un cadre pythagoricien, toutefois de façon arbitraire, les quatre enseignes du jeu français et quelques unes des principales caractéristiques du jeu de Trente et Un, spécifiquement la valeur maximale des ponts possibles pouvant être gagnés à 31. Cependant, il n'a pas prouvé que le jeu de cartes ainsi que la façon de jouer aient été conçus en ayant présent à l’esprit des principes pythagoriciens- encore moins quant aux enseignes françaises qui n'apparaissent qu'autour de 1470, bien après la standardisation des 4 suites du jeu de cartes. De plus, d'autres nombres de suites ont vu le jour auparavant mais; mis à part le cas particulier des suites du Tarot, elles n'eurent pas de postérité. Cela provient peut-être du fait que 4 créerait les conditions d'un meilleur jeu que 3 ou 5, sous réserve qu'il y ait 2- 4 joueurs. En outre, le nombre 4 possède une signification en-dehors du Pythagorisme, par exemple les quatre coins d'un jeu de table, ou bien sûr les quatre saisons etc - en dehors de l'arithmologie pythagoricienne. Que les Enseignes françaises du jeu de cartes soient des carreaux, des trèfles, des coeurs et des piques n’est sans doute pas dû aux associations aux quatre éléments; les relations proposées sont plutôt artificielles. Quand je pense à l ‘ Air par exemple, le “Coeur” n’est pas quelque chose qui me vienne naturellement à l’esprit. Il existe de meilleures explications pour les Enseignes françaises en relation avec les jeux antérieurs - germaniques ou latins. Pour ce qui est du nombre 31, il s’agit simplement du résultat généré par les règles du jeu. Qu’il appartienne à un nombre d’une série pythagoricienne n’est pas surprenant car de nombreux nombres faisaient partie des séries pythagoriciennes. Quant à 10, c’ est un nombre aisé pour faire la somme des points lors d'une partie. Il pourrait bien y avoir d'autres considérations, en fonction des règles de ce jeu spécifique.
 (Michael S HOWARD, http://tarotarithmologique.blogspot.fr/2016/08/an-appreciation-of-alains-proposal-by.html)

This page last modified Nov. 9, 2016

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